Comment la PNV peut soutenir les sportifs ?
Il n’est plus à prouver que la pratique d’un sport, en plus de développer nos capacités physiques, procure de véritables bienfaits au niveau de notre esprit et de notre développement personnel. Le système nerveux joue un rôle essentiel dans le maintien de cette harmonie “corps-esprit”. Mais qu’en est-il lorsque notre système nerveux dysfonctionne ? En effet, la volonté et les heures d’entraînement ne suffisent pas toujours, et les sportifs peuvent malgré tout se retrouver en difficulté lors des compétitions. Dans ce contexte, un problème de concentration, une mauvaise gestion de ses émotions ou encore une perte de confiance en soi tiennent une place non négligeable dans la réussite individuelle ou collective.
Étant établi que le système nerveux joue un rôle central dans chacune de nos actions, comment la régulation de l’influx nerveux pourrait-elle être bénéfique pour gérer nos difficultés et améliorer nos capacités sportives ? En d’autres termes, en quoi la PNV viendrait-elle soutenir les sportifs dans leur pratique ?
Pour alimenter cette réflexion, un questionnaire basé sur l’auto-évaluation des points forts et faibles au niveau des capacités physiques et psychiques a été proposé à un petit échantillon de sportifs. Les réponses ont été comparées au bilan PNV de ces volontaires, l’idée étant d’observer si l’on retrouve dans le bilan PNV les difficultés que ces sportifs expriment dans le questionnaire. Pour ce faire, six personnes d’âges, de genres et de pratiques sportives différents ont participé à cette étude — néanmoins, tous avaient fait ou faisaient de la compétition. Afin d’être le plus objectif possible, nous avons pris connaissance des informations contenues dans les questionnaires à l’issue du bilan. Cela a ainsi permis de vérifier dans quelle mesure le bilan venait confirmer le témoignage des sportifs interrogés.
Petit rappel…
Notre système nerveux est un réseau de tissus et de cellules qui contrôle tous nos faits et gestes. Cela inclut notamment la façon de bouger, la digestion, la mémorisation, la gestion des émotions, etc.
Notre cerveau est un système complexe avec 100 milliards de neurones qui permettent la communication entre différentes zones du cerveau et du corps. Les neurones sont des cellules qui établissent rapidement de multiples connexions synaptiques entre elles pour transmettre des messages de natures chimique (libération de neurotransmetteurs) et électrique (influx nerveux). Ainsi, notre cerveau copilote notre corps qui lui-même possède ses propres fonctions de régulation, indépendantes de notre volonté.
Par conséquent, cela fait de notre système nerveux le centre de traitement des informations de notre environnement. Il est composé :
– du système nerveux central (encéphale et moëlle spinale) qui permet par exemple de pratiquer un sport en coordonnant les mouvements musculaires, et de réagir aux différentes informations sensorielles de l’environnement via le :
– système nerveux périphérique, qui « cartographie » le restant de notre corps.
« La préparation mentale est l’arme absolue du sportif. »
Serena Williams (joueuse de tennis)
Au-delà de l’aspect physique (force, puissance, endurance, vitesse) et technique (expertise d’une discipline), le mental est perçu sous un nouveau jour avec l’avènement des neurosciences.
Notre cerveau nous conditionne malgré nous. La plupart du temps, il met en place des mécanismes d’auto-défense à notre insu. Ce sont généralement des réactions qu’il va reproduire quand des circonstances identiques (ou perçues comme telles) se présentent à nouveau dans notre vie. Ainsi, nous allons répéter les mêmes schémas réactionnels, inconsciemment. On parle dans certains cas de « croyances limitantes”. Ces croyances sont de fausses idées que l’on se fait sur nous-mêmes et qui peuvent entraîner un certain nombre de conséquences néfastes. Ces pensées correspondent à des idées préconçues que nous avons sur nos capacités et qui brident notre expansion. Se préparer mentalement permettrait de se reconnecter à ses ressources profondes (connaissance de soi) pendant l’épreuve et ainsi retrouver un sentiment de plénitude.
“La seule limite à notre réalisation de demain sont nos doutes d’aujourd’hui.”
Franklin D. Roosevelt
Des méthodes telles que la physiologie du sport, le coaching mental ou des méthodes basées sur la respiration, émergent et tentent de tenir compte de ces différents aspects.
Systèmes sensori-moteur et neurovégétatif
La physiologie du sport se définit comme l’étude des réactions et adaptations du corps humain à l’exercice physique. Contrairement à une idée reçue, l’appareil locomoteur n’est pas la seule structure corporelle qui subit des modifications et adaptations liées à la pratique sportive : les systèmes cardiovasculaire, endocrinien et digestif, ainsi que les fonctions de proprioception (perception de la position des différentes parties de notre corps), d’équilibre, etc. — le sport sollicite notre organisme à tous les niveaux. Lorsqu’on vise la performance, aucun aspect ne doit être négligé.
L’objectif du travail musculaire pour les sportifs n’est pas seulement de développer la masse musculaire. Un muscle volumineux n’est pas forcément plus performant si son utilisation n’est pas optimale. C’est pourquoi, selon la physiologie du sport, un travail fonctionnel paraît indispensable pour atteindre les performances souhaitées. Ce travail fonctionnel ne s’intéresse pas au développement de la masse musculaire mais à la coordination entre les muscles et le système nerveux. Lorsque ce dernier est plus performant, le sportif est plus à même de mobiliser ses muscles pour effectuer un mouvement donné de manière optimale.
D’autres pratiques comme l’ostéopathie, le yoga, le tai chi et la cohérence cardiaque, entre autres, mettent l’accent sur la régulation du système nerveux autonome (ou système neurovégétatif), dont l’objectif est de maintenir en permanence l’homéostasie, c’est-à-dire de garder les constantes de notre organisme en équilibre, quelles que soient les perturbations internes ou externes.
Celui-ci comprend :
– le système sympathique, le « guerrier du corps ». Il permet de répondre au stress (augmentation de la fréquence cardiaque, dilatation des pupilles, ralentissement de la digestion, sécrétion de cortisol, noradrénaline et adrénaline) ;
– et le parasympathique, « le médecin du corps ». Il permet un retour au calme (repos, digestion, sécrétion de la sérotonine et d’acétylcholine).
Selon Arielle Schwartz, psycho-clinicienne et professeure de yoga, la notion de régulation du système nerveux consiste le plus souvent à trouver un juste équilibre entre les systèmes sympathique (associé à la réponse combat/fuite) qui pousse à réagir, et parasympathique (associé à la réponse repos, récupération et digestion). En théorie, les deux systèmes fonctionnent en harmonie. Arielle Schwartz précise que pour atteindre des performances sportives optimales, il est indispensable de bien se reposer pour mieux récupérer. La régulation de ce système serait une des clés de voûte de la préparation mentale.
La sphère psycho-émotionnelle
“Le sport, c’est la santé du corps et la liberté de l’esprit.”
Pierre de Coubertin
Certaines méthodes mettent l’accent sur la « gestion » du stress, impliquant que la maîtrise de l’émotionnel permettrait de gérer son stress. En effet, si une émotion se manifeste, elle accapare de fait l’attention, et affecte donc la concentration. L’émotion peut se prolonger en une série de traitements cognitifs (mémoire, jugement, etc.). Néanmoins, cela laisse sous-entendre que la « gestion » du stress serait une question de volonté. Or nous savons aujourd’hui qu’un dysfonctionnement nerveux influe fortement nos réactions émotionnelles.
Différentes émotions traversent un sportif au cours d’un effort, et davantage lors de compétitions. D’après Richard Lazarus, un psychologue américain, « l’émotion se définit comme une manifestation psycho-physiologique directement liée à des réactions interpersonnelles ou sociales avec l’environnement. » En d’autres termes, l’émotion résulterait d’une interaction entre l’environnement et notre monde interne. Une émotion regroupe des ressentis psychologiques mais aussi physiologiques, dans la mesure où l’on va ressentir une certaine intensité dans notre corps. Compte tenu des enjeux sportifs et du stress que les compétitions peuvent générer, ou des attentes du coach, du public, de l’environnement familial, etc., on comprend mieux comment les émotions peuvent impacter les performances sportives — d’où l’intérêt de ne pas faire l’impasse sur la sphère psycho-émotionnelle lorsque l’on veut optimiser son potentiel sportif.
“Le sport n’est pas seulement une activité physique, c’est avant tout une bataille mentale.”
Chris Evert (joueuse de tennis)
Dans un contexte global où les sportifs commencent à parler plus ouvertement des difficultés émotionnelles vécues alors qu’ils semblaient être au top de leur forme, on se rend compte de l’importance du rôle que jouent les émotions.
Après étude des questionnaires et des bilans PNV, il ressort que le manque de confiance en soi et une mauvaise gestion du stress impactent près de la moitié des participants. Cela se vérifie dans leur bilan. Il est intéressant de noter que plus de 80% des personnes interrogées disent avoir souffert d’une ou de plusieurs blessures au cours de leur parcours sportif. On peut penser que rien n’est plus normal pour un sportif : fragilité physiologique, corps soumis à rude épreuve, muscle ou articulation trop sollicités. Mais si l’on observe leur bilan PNV, ces mêmes personnes présentent un dysfonctionnement nerveux très marqué dans la sphère psycho-émotionnelle. Étant donné que toutes les sphères du système nerveux sont en interaction, pourrait-on envisager que certaines blessures sont la conséquence d’une somatisation ? En d’autres termes, pourrait-on envisager les blessures physiques comme la résultante d’un dysfonctionnement émotionnel ?
En grec “soma”, signifiant le “corps”, on parle de somatisation lorsqu’un élément psychique est impliqué dans l’apparition de symptômes physiques lésionnels (altération biologique objectivable) ou fonctionnels (pas de lésion organique décelable). Plus généralement, la somatisation inclut l’ensemble des effets de l’esprit sur le corps.
Bien que l’émergence de la psychanalyse freudienne ait permis d’envisager l’esprit sous un nouvel aspect, au fur et à mesure du temps et des découvertes, son analyse a été reconsidérée. Certaines maladies et autres maux physiques, avant réduits à des problèmes simplement mécaniques, sembleraient plutôt avoir un lien avec un dysfonctionnement plus global du système nerveux. Même s’il n’y a pas encore aujourd’hui de consensus, les neurosciences réactualisent en permanence nos connaissances sur le lien corps-esprit.
« Les maladies psycho-somatiques illustrent le lien qui existe entre les systèmes nerveux et le système immunitaire. Lorsque le moral est soumis à rude épreuve, le physique ne tarde pas à montrer des signaux de détresse. »
Les maladies psychosomatiques de Jacques Thomas
Lorsque nous sommes confrontés à une difficulté passagère, notre esprit est apte à la gérer et à rétablir l’équilibre. Mais si le conflit reste figé, les mécanismes de défense mis en place par l’organisme pour pallier cette difficulté s’épuisent et le corps prend le relais. Dans le décodage biologique, inspiré des lois d’Hamer, la psychosomatisation est l’expression corporelle d’un conflit non résolu dans l’inconscient par des manifestations corporelles où la douleur est bien réelle. En résumé, c’est la difficulté d’adaptation de l’individu qui génère des tensions dans le corps. En effet, lorsqu’une information parvient à notre système nerveux, ce dernier la traite mais ne fait pas de distinction entre le danger réel et imaginaire. Par conséquent, quel que soit le type d’agression vécue ou ressentie, la réponse physiologique et hormonale sera la même. Ainsi, dès qu’il se sent menacé face à une pression environnementale, l’organisme apporte une réponse d’adaptation qu’on nomme le SGA (Syndrôme Général d’Adaptation) ou plus communément le “stress”.
S’il est occasionnel et géré correctement, le stress peut apparaître comme un moteur pour performer. Mais dans le cas contraire, il peut devenir une entrave. Sophie Huguet, psychologue du sport et préparatrice mentale, explique que : “le stress a un lien avec la probabilité de blessures en tant que distraction (réduit la vision périphérique) et surtout est la cause de tensions musculaires (réponse somatique) qui se soldent par une inefficacité dans les gestes, un manque de fluidité-coordination-souplesse : le corps se contracte et la blessure intervient. D’autres part, les distractions internes (pensées négatives) peuvent également être source d’erreur, d’oubli d’un élément de routine, ce qui amène à une blessure provoquée par cette inattention”. À cela s’ajoutent des circonstances objectives comme le rythme des entraînements et des compétitions qui peuvent aboutir à un épuisement émotionnel, provoquant une perte d’intérêt et d’attention, accroissant de fait le risque de blessure.
Lorsqu’il y a des blessures à répétition, on parle même de “douleurs mémorisées”. Notre cerveau, et plus précisément les neurones traitant l’information, dans les mêmes circonstances de stress, vont emprunter le même chemin et donner une réponse tout aussi identique. Ce n’est pas un concept vaguement psychanalytique, mais une réalité neurologique.
Toutes les méthodes précédemment citées prennent en compte l’individu dans sa globalité et ont bien compris que les capacités sportives vont bien au-delà de l’aspect physique. Néanmoins, elles semblent ne traiter qu’un aspect restreint du système nerveux.
La PNV est une méthode fonctionnelle qui régule le système nerveux dans son ensemble (sphères sensori-motrice, neurovégétative et psycho-émotionnelle). Elle participe à la fois à rétablir la perception ajustée des informations de l’environnement et les réponses motrices, au maintien de l’homéostasie et à la régulation des émotions.
Cette pratique est issue des travaux de Georges Quertant, créateur de la Culture Psycho-Sensorielle (CPS). Il inscrivait sa méthode dans le domaine de la Culture Physique comme on l’entendait au début du 20e siècle, discipline qu’on appelle aujourd’hui Éducation Physique et Sportive (EPS). La Culture Physique est l’art de comprendre et d’améliorer le fonctionnement de notre corps par la pratique d’une activité sportive. En effet, tout en pratiquant un sport, on s’observe, on s’évalue et on prend conscience de ses limites, on apprend à les dépasser en se respectant. Il en va de même pour le fonctionnement de notre système nerveux : en pratiquant cette micro-gymnastique oculaire, nous avons une compréhension et une gestion plus fine de nos propres capacités motrices, sensorielles, émotionnelles et organiques. En progressant dans le protocole, la plasticité neuronale nous permet d’explorer des aptitudes insoupçonnées ou sous-exploitées de nos centres nerveux afin de les utiliser pleinement, à notre avantage, pour ainsi devenir des athlètes performants dans tous les aspects de notre vie quotidienne !
En collaboration avec l’équipe de rédaction.